10e semaine
HAÏKUS
Voici les textes de la 10e semaine du labo en ligne. De quoi épater les Japonais qui viennent par cars entiers visiter notre capitale. Mais le labo continue ! Pour découvrir la 11e proposition, CLIQUEZ ICI.
Lalab 0ran-Tine
----------------------------------------------------------------------------
LA VIE N'EST PAS UN SONGE, DIS-TU
Chaque pierre
devient l'ultime
refuge du chemin
Le ciel pénètre
dans la montagne
comme la terre absorbe l'eau
Geste ultime de la mort
ce bras nu qui s'appuie
un court instant sur ton épaule
Sentinelle aveugle
tu t'acharnes à crier
ce cri privé de lumière
Sous l'herbe ou la pierre
tu n'auras d'autre nom
que le nom secret de l'absent
La lumière est si drue
qu'elle bâtit sur les nuages
des villes imaginaires
La nuit mure
ton ombre dans la pierre
pierre levée du songe
Parfois le rire
cruel du vent
se moque des oiseaux apeurés
Une comète
se détache de la nuit
tombe en sifflant sur les ifs
Le vent brûle
et racle ton visage
jusqu'à l'os
Tu soulèves
sans effort le torrent
jusqu'au faîte des montagnes
Nuages impatients
de voir tomber
la première neige sur les toits
A l'ombre d'un cyprès
l'herbe haute
capture la couleuvre
Le vol d'un moineau
qui déserte son nid
pour la tendre rougeur d'une pomme
Pierres qui s'amassent
dans le ventre
vorace du vent
Dans ta bouche
la langue vorace
dévore tes mots
La vie s'achève
mort clouée
sur la porte d'une grange
L'ombre s'étire sur le pré
devient un arbre
aux mille visages de lumière
Le pain brûlant
craque sur la langue
du moineau
Souviens-toi du silence
qui aiguise la cime
accroît la douleur de vivre
La marche souple
du serpent
entre tes dents
Lézard peureux
et frivole
qui lutte avec l'herbe
Tes cendres se déposent
sur une feuille
deviennent un arbre nouveau
Le contour d'une aile
dessine le jour
a l'ombre du toit
Sueur amère
dos voûté
bêtes indolentes
L'olivier ploie
une grêle subite
aveugle les fenêtres
Murs blancs
dans la blancheur de l'air
jusqu'aux ruches incandescentes
Une pierre roule
sur ton front
c'est la nuit des loups
Fruit qui éclate
en un claquement de soleil
sur la langue
Fièvre de l'été
les tuiles
embrasées de soleil
Limite du monde
cette clarté
de lait
Le pollen jaunit l'été
pomme acide
sur la nappe froissée
Tu glisses à l'oubli
tempes jointes
au front des morts
Un songe effleure
le regard
se perd dans l'oeil
Avance
avance plus près
a toucher le soleil
L'été dompte
les méandres
de la source
Une pierre
grave
mon épitaphe
Une graine vole
vers tes lèvres
qu'elle mûrisse sur ta langue
Midi assèche le puits
ci-gît le néant
de l'os
Tu vis dans le feu
où la pierre
a mentionné ton nom
Une aile s'éploie du soleil
la terre roule
a l'abîme
Naître
est un cri
rêvé
François Teyssandier
-------------------------------------------------------------------------
le soir les grillons
accompagnent notre musique
et changent le silence
*
le soleil masque
tous les mots sur mon écran
un doute de plus
*
tire-bouchon
bouteille fraîche verres d’amis
remplis de soif
*
tonnerre au loin
une chaleur mûre chargée d’une
impatience calme
*
imagine l’angoisse
d’un papillon sommé
de s’expliquer
*
le téléphone
imite les grillons laissons-le
sonner en paix
*
un texte à traduire
un vide à traverser
un silence qui rit
*
l’écureuil
cueille une noisette qu’il mange
dans le noyer
*
épluchure de lune
oreille sourde au-dessus de la ville
comment s’excuser ?
Derek Munn
------------------------------------------------------------------------------
Une femme à la fenêtre, les seins nus elle agite la main
Un homme bedonnant est en arrêt sur le trottoir
Dans cette rue où je passe depuis vingt ans
Ses parents l’ont oubliée dans le supermarché asiatique
De grosses larmes rondes, les unes après les autres
Elle porte une robe bleue à volants sur un petit pantalon rouge
Un fruit de la passion noir a été posé sur la marche de linoléum noir
Je le vois au matin en descendant
Au soir, il est toujours là
Les hommes, je les regarde
Et quand je pense à l’amour
Tu n’es plus là
Catherine Minot
----------------------------------------------------------------------------
HAÏKUS HIGH TECH
Chaque soir vingt heures
son capitaine au prompteur
le naufrage du monde.
Périples faciles
des connexions satellites
Magellan nouveau!
Cet écran muet
où mon mail s'en va mourir
tout empli de toi.
Ma mémoire rewind,
ils sont à la queue leu leu
les pauvres regrets.
Petits cris nocturnes
dans le silence domestique.
Clic! sur la souris.
Luc-Michel Fouassier
-----------------------------------------------------------------------
HAÏKU 10
Sur la N10
passent les salariés
passent les vacanciers
vroooooom.....
moi je cherche la mer
mes semelles de plomb
martèlent le goudron
vrooooooooom...
mais où trouve-t-on la mer?
Marie Chotek
Le blogue de Marie Chotek : Chotekeries)
HAÏKUS
Voici les textes de la 10e semaine du labo en ligne. De quoi épater les Japonais qui viennent par cars entiers visiter notre capitale. Mais le labo continue ! Pour découvrir la 11e proposition, CLIQUEZ ICI.
Lalab 0ran-Tine
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LA VIE N'EST PAS UN SONGE, DIS-TU
Chaque pierre
devient l'ultime
refuge du chemin
Le ciel pénètre
dans la montagne
comme la terre absorbe l'eau
Geste ultime de la mort
ce bras nu qui s'appuie
un court instant sur ton épaule
Sentinelle aveugle
tu t'acharnes à crier
ce cri privé de lumière
Sous l'herbe ou la pierre
tu n'auras d'autre nom
que le nom secret de l'absent
La lumière est si drue
qu'elle bâtit sur les nuages
des villes imaginaires
La nuit mure
ton ombre dans la pierre
pierre levée du songe
Parfois le rire
cruel du vent
se moque des oiseaux apeurés
Une comète
se détache de la nuit
tombe en sifflant sur les ifs
Le vent brûle
et racle ton visage
jusqu'à l'os
Tu soulèves
sans effort le torrent
jusqu'au faîte des montagnes
Nuages impatients
de voir tomber
la première neige sur les toits
A l'ombre d'un cyprès
l'herbe haute
capture la couleuvre
Le vol d'un moineau
qui déserte son nid
pour la tendre rougeur d'une pomme
Pierres qui s'amassent
dans le ventre
vorace du vent
Dans ta bouche
la langue vorace
dévore tes mots
La vie s'achève
mort clouée
sur la porte d'une grange
L'ombre s'étire sur le pré
devient un arbre
aux mille visages de lumière
Le pain brûlant
craque sur la langue
du moineau
Souviens-toi du silence
qui aiguise la cime
accroît la douleur de vivre
La marche souple
du serpent
entre tes dents
Lézard peureux
et frivole
qui lutte avec l'herbe
Tes cendres se déposent
sur une feuille
deviennent un arbre nouveau
Le contour d'une aile
dessine le jour
a l'ombre du toit
Sueur amère
dos voûté
bêtes indolentes
L'olivier ploie
une grêle subite
aveugle les fenêtres
Murs blancs
dans la blancheur de l'air
jusqu'aux ruches incandescentes
Une pierre roule
sur ton front
c'est la nuit des loups
Fruit qui éclate
en un claquement de soleil
sur la langue
Fièvre de l'été
les tuiles
embrasées de soleil
Limite du monde
cette clarté
de lait
Le pollen jaunit l'été
pomme acide
sur la nappe froissée
Tu glisses à l'oubli
tempes jointes
au front des morts
Un songe effleure
le regard
se perd dans l'oeil
Avance
avance plus près
a toucher le soleil
L'été dompte
les méandres
de la source
Une pierre
grave
mon épitaphe
Une graine vole
vers tes lèvres
qu'elle mûrisse sur ta langue
Midi assèche le puits
ci-gît le néant
de l'os
Tu vis dans le feu
où la pierre
a mentionné ton nom
Une aile s'éploie du soleil
la terre roule
a l'abîme
Naître
est un cri
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François Teyssandier
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accompagnent notre musique
et changent le silence
*
le soleil masque
tous les mots sur mon écran
un doute de plus
*
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remplis de soif
*
tonnerre au loin
une chaleur mûre chargée d’une
impatience calme
*
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d’un papillon sommé
de s’expliquer
*
le téléphone
imite les grillons laissons-le
sonner en paix
*
un texte à traduire
un vide à traverser
un silence qui rit
*
l’écureuil
cueille une noisette qu’il mange
dans le noyer
*
épluchure de lune
oreille sourde au-dessus de la ville
comment s’excuser ?
Derek Munn
------------------------------------------------------------------------------
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Un homme bedonnant est en arrêt sur le trottoir
Dans cette rue où je passe depuis vingt ans
Ses parents l’ont oubliée dans le supermarché asiatique
De grosses larmes rondes, les unes après les autres
Elle porte une robe bleue à volants sur un petit pantalon rouge
Un fruit de la passion noir a été posé sur la marche de linoléum noir
Je le vois au matin en descendant
Au soir, il est toujours là
Les hommes, je les regarde
Et quand je pense à l’amour
Tu n’es plus là
Catherine Minot
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HAÏKUS HIGH TECH
Chaque soir vingt heures
son capitaine au prompteur
le naufrage du monde.
Périples faciles
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Ma mémoire rewind,
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les pauvres regrets.
Petits cris nocturnes
dans le silence domestique.
Clic! sur la souris.
Luc-Michel Fouassier
-----------------------------------------------------------------------
HAÏKU 10
Sur la N10
passent les salariés
passent les vacanciers
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mes semelles de plomb
martèlent le goudron
vrooooooooom...
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Marie Chotek
Le blogue de Marie Chotek : Chotekeries)
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